Le maintien de la santé et de l’autonomie des personnes âgées représente d’importants défis pour les prochaines décennies. Les mesures préventives qui agissent sur les habitudes de vie constituent une stratégie de choix pour retarder ou réduire la progression des maladies chroniques. L’objectif général de la présente étude était d’identifier les liens qui existent entre certains facteurs ou habitudes de vie favorables à la santé et le cumul de problèmes de santé chroniques. La source des données est l’enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC) qui a été conduite en 2008-2009 et dont la thématique portait sur le Vieillissement en santé.
Les résultats ont révélé qu’environ le tiers des Québécois et Québécoises de 65 ans et plus présentent trois facteurs favorables à la santé et 16 % quatre facteurs. Cependant, plus de la moitié (54 %) ne cumulent qu’entre 0 et 2 facteurs favorables à la santé.
Alimentation
Près de 4 aînés sur 10 (39 %) consomment quotidiennement 5 portions ou plus de fruits et de légumes et les femmes (43 %) sont, en proportion, plus nombreuses à le faire que les hommes (33 %). La consommation de fruits et de légumes diminue aussi avec l’âge. L’accumulation de problèmes de santé chroniques ne semble pas varier significativement selon la consommation quotidienne de fruits et de légumes chez les aînés québécois mais on observe une association chez les aînés canadiens. En effet, les aînés qui consomment au moins 5 portions de fruits et légumes sont, en proportion, plus nombreux à ne pas avoir déclaré de problème de santé que ceux qui en consomment 4 portions ou moins. L’inverse est observé au regard du cumul de 3 problèmes de santé ou plus.
Activité physique
Plus de la moitié (54 %) des Québécois de 65 ans et plus rapporte un volume d’activité physique (loisir et transport) lui permettant d’atteindre le minimum recommandé, ou plus. Cette proportion, cependant, diminue avec l’âge (65-74 ans : 59 %; 75 ans et plus : 46 %). L’atteinte de ce minimum recommandé (loisir et transport), ou plus, est associée à une prévalence moins élevée de problèmes de santé chroniques, et cela, particulièrement chez ceux qui rapportent 3 problèmes ou plus.
Poids corporel
Un peu plus de 3 aînés sur 4 ont un poids favorable à la santé, soit 81 % des hommes et 76 % des femmes. De plus, les aînés sont plus enclins en vieillissant à avoir un poids corporel favorable. Les aînés avec un poids favorable à la santé sont proportionnellement plus nombreux à déclarer n’avoir aucun problème de santé chronique (23 %) comparativement à ceux rapportant un poids défavorable (12 %). En outre, le tiers des aînés avec un poids défavorable ont aussi déclaré au moins 3 problèmes de santé chroniques alors que cette proportion est de 21 % chez ceux ayant un poids corporel favorable.
Tabagisme
La proportion des non-fumeurs à vie ou des anciens fumeurs depuis plus de 15 ans est élevée chez les Québécois de 65 ans et plus et se situe à 72 % chez les hommes et 76 % chez les femmes. De plus, 67 % des aînés âgés entre 65 et 74 ans et plus ne fument pas et cette proportion s’élève à 83 % chez les 75 ans et plus. Les données semblent indiquer que le cumul de problèmes de santé chroniques n’est pas associé à l’usage du tabac chez les aînés québécois. Cependant, lorsque l’analyse porte sur l’ensemble des aînés canadiens, un effet protecteur est observé en l’absence de tabagisme, notamment chez les aînés présentant 3 problèmes de santé chroniques ou plus.
Indice cumulatif des facteurs favorables à la santé
Les aînés québécois présentant 3 ou 4 facteurs ou comportements favorables sont proportionnellement plus nombreux à ne pas avoir déclaré de problème de santé chronique comparativement à ceux qui ont rapporté entre 0 et 2 facteurs. À l’inverse, les aînés avec 3 ou 4 facteurs favorables sont moins nombreux à avoir déclaré 3 problèmes de santé chroniques ou plus. L’indice cumulatif de facteurs favorables à la santé est donc inversement associé au cumul de 3 problèmes de santé chroniques ou plus chez les aînés québécois. En outre, il est très intéressant de noter la diminution graduelle du risque (rapports de cotes) lorsque le nombre de facteurs favorables augmente chez les aînés.
Conclusion
Les résultats obtenus auprès des aînés québécois, à la suite de l’analyse des données de l’ESCC 2008-2009 – Vieillissement en santé, renforcent la pertinence de promouvoir et de faciliter l’adoption de saines habitudes de vie afin d’optimiser les effets bénéfiques sur la santé et, de ce fait, vieillir en santé. De plus, les résultats supportent le bien-fondé de poursuivre cette promotion chez les Québécois de tous âges mais aussi de cibler certains sous-groupes chez qui ces comportements sont moins présents.
Publication originale https://www.inspq.qc.ca/publications/2074