L’âge modifie les habitudes de sommeil
Les changements graduels de l’organisme durant le vieillissement ont aussi des répercussions sur le sommeil. Même chez les personnes âgées en bonne santé, le sommeil est plus fragile. Il devient plus difficile de s’assoupir et le dormeur se réveille plus souvent durant la nuit.
Des études en laboratoire sur le sommeil ont révélé l’existence de ces modifications. L’efficacité en termes de sommeil (le temps passé à dormir comparativement au temps passé au lit), qui se situe aux environs de 95 % à 98 % durant la jeunesse, chute à 70 % à 80 % dans des âges plus avancés. En outre, la durée de sommeil léger augmente en vieillissant, alors que celle du sommeil profond diminue. Certaines études ont démontré que nous avons besoin de moins de sommeil lorsque nous sommes plus âgés, mais la plupart des experts pensent qu’il nous en faut autant. Et bien que nous dormions moins la nuit lorsque nous vieillissons, nous faisons plus de siestes et nous nous assoupissons en lisant ou en regardant la télé.
En outre, avec l’âge, le seuil d’éveil chute. Par conséquent, les bruits et autres interruptions sont plus susceptibles de réveiller le dormeur.
Un autre aspect du vieillissement, c’est que le rythme circadien normal (cycle de 24 heures) du sommeil s’affaiblit graduellement. Le sommeil a de plus en plus tendance à s’échelonner tout au long des 24 heures de la journée, plutôt que de se concentrer dans la période de sommeil nocturne. Tous ces changements provoquent un phénomène dont se plaignent en général les personnes aînés : le sommeil est plus court et moins réparateur qu’autrefois.
La plupart des personnes aînés remarquent que leur sommeil est perturbé par d’autres modifications de l’organisme. Par exemple, il peut être difficile d’adopter une position confortable en présence de douleurs musculaires ou articulaires. En outre, la plupart des personnes âgées de plus de 65 ans doivent aller aux toilettes au moins une fois durant la nuit. Toutefois, il s’agit là de certains aspects normaux du vieillissement.
Les troubles du sommeil les plus problématiques à long terme pour les personnes âgées sont causés par des affections médicales (par ex. maladies pulmonaires, arthrite, reflux œsophagien et maladie cardiaque) et à des problèmes de santé mentale comme la dépression et la démence. De plus, des troubles particuliers du sommeil, tels l’apnée et la myoclonie nocturne, sont également associés à l’âge et perturbent le sommeil.
La perturbation du sommeil est fréquente chez les personnes aînés; il peut donc être difficile de distinguer un processus normal de vieillissement d’un état maladif. Par conséquent, un examen médical est nécessaire pour déterminer la cause de certains troubles. Ainsi, un examen s’impose si la personne éprouve des difficultés persistantes à s’endormir ou à demeurer assoupie, et que ces difficultés sont associées à des problèmes durant la journée (par ex. : somnolence marquée, changements d’humeur, fatigue prononcée, manque de mémoire, perte d’intérêt ou de plaisir).
De bonnes habitudes de vie permettent de mieux dormir
L’adoption de mauvaises habitudes peut accentuer les changements du sommeil associés avec l’avancement en âge. Ainsi, en changeant simplement ces habitudes, le trouble du sommeil peut être atténué ou éliminé, ce qui améliore la qualité de vie. Parmi les stratégies les plus efficaces, on retrouve la réduction de la consommation de caféine, l’élimination des repas copieux tard en soirée et la diminution des siestes durant la journée.
De plus, les personnes aînés qui mènent un style de vie actif présentent moins de problèmes de sommeil que leurs homologues plus sédentaires. Quel que soit l’âge de la personne, l’exercice physique, tel la marche rythmée pendant 30 à 40 minutes, a des effets bénéfiques sur le sommeil.
Pour obtenir plus de conseils sur la façon de mieux dormir la nuit, lisez notre article sur l’hygiène du sommeil.
Troubles du sommeil particuliers
À l’instar des maladies médicales et psychiatriques qui deviennent plus fréquentes avec l’âge, les troubles du sommeil sont également plus courants. Ils ont des répercussions sur la durée ainsi que sur la qualité du sommeil.
L’apnée du sommeil fait référence aux problèmes respiratoires survenant durant le sommeil. On estime qu’au-delà de 60 ans, 1 personne sur 4 est atteinte par ce trouble.
Dans les cas d’apnée obstructive, le conjoint remarque des ronflements sonores et des pauses dans la respiration; le dormeur, quant à lui, peut n’avoir aucun malaise à signaler, si ce n’est une envie de dormir durant la journée. L’apnée obstructive est provoquée par le rétrécissement ou l’obstruction des voies respiratoires durant le sommeil; ce phénomène est causé par de nombreux facteurs, y compris l’obésité. Les troubles respiratoires provoquent de brèves périodes d’éveil, qui perturbent le sommeil, mais qui ne laissent aucun souvenir au réveil. Les symptômes fréquemment associés à cette maladie sont des troubles de mémoire, de concentration et de pensée ainsi que l’envie de dormir durant la journée, y compris durant la conduite automobile.
L’apnée obstructive nécessite un traitement comme l’utilisation d’un compresseur qui applique une pression positive pour dégager les voies respiratoires ainsi que d’autres stratégies (par ex. la perte de poids). Il est nécessaire de traiter l’apnée du sommeil obstructive car elle est associée à plusieurs affections comme les maladies cardiaques, la dépression et les maux de tête.
Beaucoup moins fréquent, le deuxième type de trouble respiratoire associé au vieillissement est l’apnée centrale. Ce type d’apnée est causé par l’incapacité du cerveau à contrôler la respiration durant le sommeil. Le dormeur atteint de ce type de trouble ne ronfle généralement pas. Le conjoint peut remarquer une respiration soupirante ou superficielle. Contrairement aux personnes souffrant d’apnée obstructive, les personnes atteintes d’apnée centrale sont plus susceptibles de se rappeler de leurs réveils et de se plaindre d’un sommeil léger et morcelé.
Myoclonie nocturne
Environ la moitié de toutes les personnes âgées de 65 ans ou plus éprouvent des secousses musculaires des jambes et parfois des bras durant la nuit. Quand ces secousses et crispations nerveuses sont importantes et fréquentes, on désigne cet état par le nom de myoclonie nocturne. Le diagnostic de cette maladie exige une évaluation du sommeil en laboratoire pour confirmer la présence de ces mouvements involontaires et de leurs effets sur le sommeil. Fréquemment, ces mouvements surviennent par lots et peuvent se présenter aussi souvent que de 2 à 3 fois par minute. La personne atteinte peut se plaindre d’une perturbation marquée du sommeil, ou peut ne pas être consciente du tout de leur présence. Généralement, la myoclonie nocturne cause de l’insomnie (difficulté à trouver le sommeil et à demeurer assoupi) et, plus rarement, une envie de dormir excessive durant la journée.
En état d’éveil, les personnes atteintes de myoclonie nocturne peuvent également souffrir d’ « impatiences ». Le syndrome des jambes sans repos se manifeste en présence d’une sensation particulière et difficile à décrire dans les mollets ou les cuisses. De façon caractéristique, le syndrome disparaît quand la personne bouge, mais réapparaît en position de repos. Le syndrome des mouvements périodiques des jambes pendant le sommeil et les impatiences musculaires peuvent tous deux être traités par des approches médicamenteuses et non médicamenteuses.
Trouble comportemental en sommeil parodoxal
Normalement, durant la partie du sommeil où l’on rêve (appelée sommeil paradoxal), le corps est paralysé. Or, tel n’est pas le cas chez les personnes souffrant d’un trouble comportemental en sommeil paradoxal, qui vivent littéralement leurs rêves. Divers comportements associés à l’exécution d’un rêve (frapper, jurer, tomber, etc.) peuvent se produire et provoquer des blessures à la personne elle-même ou à son partenaire. Cette affection, plus fréquente chez les hommes âgés de plus de 60 ans, peut être associée à d’autres troubles neurologiques. Le clonazépam améliore le sommeil et réduit les troubles comportementaux liés aux rêves.
Jon Fleming, MD,
en collaboration avec l’équipe clinique de MediResource
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