Par Guylaine Guay
“1.Les aidants naturels ont confrontés à des deuils variés et successifs.
6. Les pertes touchent également aux loisirs, à la mobilité professionnelle, de même qu’au sentiment de liberté et de contrôle, et du bien-être personnel (Loos et Bowd, 1997).
Mais on place tout de même l’aidé si celui-ci devient agressif envers l’aidant. Les fréquentes visites amènent le personnel à prodiguer de meilleurs soins, mais après un certain temps,on espace ses visites, notamment lorsque l’aidé ne le reconnaît plus.
Après le placement, les aidants commencent alors à considérer leur propre bien-être, leurs besoins médicaux en particulier. Leurs besoins physiques et leur besoin de socialiser avec la famille et les amis sont maintenant reconnus. Mais ils sont aussi appelés à apprendre à « accepter » plusieurs aspects de leur expérience dont l’injustice de cette tragédie. Ils prennent aussi « conscience » des conséquences des actes omis ou commis, de leurs lacunes, des changements que leur expérience à amené à leur plan de vie et de leur propre mort. Ils développent alors un sens de l’urgence. Ils sont maintenant capables de comprendre etd’anticiper les besoins des autres de support psychosocial, émotionnel, d’information et de conseils pratiques ( Bar-David, 1999).
8. La crise qui a conduit au placement de l’aidé est déclenchée par des précipitants développementaux ( déclin cognitif, qui peut être anticipé), situationnels ( accidents qui permettent de prendre conscience de..) intrapersonnels (épuisement, problèmes de santé), interpersonnels (conflits, manque de support), et extrapersonnels ( conciliation travail-famille, problèmes de ressources financières, les demandes de prise en charge des obligations, la durée des précipitants) ;Certains ont essayé des solutions qui ont échoué (cohabiter avec le parent et «ruiner son mariage») ou ont trouvé l’expérience de placement horrible mais en sont venu à la conclusion que le parent serait plus heureux s’il était placé. Le manque de soutien est un facteur médiateur important de la crise qui conduit au placement. Tous les aidants ont essayés des méthodes variées pour éviter le placement. Mais certains ne l’ont pas anticipé parce que le déni était trop fort: le déni permet de s’adapter progressivement à une réalité trop dure mais peut aussi mettre en danger l’aidé et les autres membres de la famille ( Liken 2001).
9. La crise trouve sa résolution dans le placement institutionnel mais ce dernier n’améliore pas tant le bien-être de l’aidé.Buck et ses collaborateurs (2000)ont examiné l’impact de la morbidité psychologique[1] de 623 aidants informels . Ils n’ont pas trouvé différences sur le plan de la santé générale entre les aidants à la maison et les aidants-visiteurs ni de changements significatifs dans le temps ( sur deux ans) en ce qui concerne leur bien-être psychologique. Leur niveau de dépression reste sensiblement similaire entre les aidants informels à domicile ou en institutions.
10. C’est leur participation sociale qui fait une différence. Leur santé globale s’améliore significativement après deux ans chez les aidants qui ont été capables de rencontrer d’autres personnes que l’aidé aussi souvent qu’ils le souhaitent, confirmant en cela le lien entre le bien-être et la participation sociale plus grande.
[1] Dans le contexte de cette étude, la morbidité psychologique renvoie au bien-être psychologique mesuré par le questionnaire sur la santé générale des aidants.
Liken Michele A., 2001. « Caregivers in Crisis, Moving a Relative With Alzheimer’s to Assisted Living », Clinical Nursing Research, Vol.10, n o 1, February, pp.52-68.
Loos Cynthia et Alan Bowd, 1997. «Caregivers of Person with Alzheimer’s Disease : Some Neglected Implications of the Experience of Personal loss and Grief», Death Studies, Vol.21, no 5, pp.501-514.
Paun olimpia, 2003. « Older Women Caring for Spouses with Alzheimer Desease at Home: Making Sense of the Situation », Health Care for Women International, Vol.24, pp.292-312.