Le nouveau défi des gestionnaires de ressources humaines
Pour de nombreux employés, maintenir un équilibre entre les responsabilités familiales et les exigences professionnelles pose déjà défi. Imaginez lorsqu’ils doivent additionner à ces obligations celle de s’occuper d’un parent âgé ou d’un proche en perte d’autonomie.
Cette réalité touche déjà 35 % de notre population active au Canada. Plus précisément, c’est 37 % de travailleuses et 29 % de travailleurs de la tranche des 45-64 ans qui, à l’heure actuelle, assument un rôle de proche aidant. Certains estiment qu’il s’agit ni plus ni moins d’un nouveau bouleversement profond du monde du travail. Ils comparent même ce phénomène à celui de l’entrée des femmes sur le marché de l’emploi dans les années 1970.
Bien que les organisations soient généralement au courant de cette situation, très peu perçoivent son ampleur réelle. Rien de surprenant à cela lorsque l’on sait que les employés ne se déclarent pas comme étant des aidants. En fait, la plupart ne se reconnaissent tout simplement pas comme tels, et ce, même s’ils affirment passer régulièrement du temps à aider un proche.
C’est là que repose tout le défi des gestionnaires de ressources humaines. Comment savoir que les absences du travail, les arrivées en retard et les départs hâtifs, l’utilisation des congés de maladie et des jours de vacance, les arrêts professionnels pour épuisement émotionnel, la perte de la sociabilité, l’humeur désagréable et l’impatience, le refus de voyager, le refus de promotion ou encore, une démission sont les conséquences d’une difficulté de conciliation travail et rôle d’aidant ? Et pourquoi pas, en leur posant la question ?
Si les aidants voient qu’ils peuvent compter sur l’empathie des gestionnaires et des collègues, ils se sentiront plus à l’aise de signaler leur situation et conséquemment, l’employeur arrivera à mieux les détecter. Il pourra ainsi identifier clairement les besoins du personnel exerçant un rôle d’aidant, établir des mesures adaptées et fournir les conseils, renseignements et services appropriés.
Mais avant tout, il faudra investir des efforts dans la sensibilisation du personnel ET de la direction à cet enjeu grandissant. Il sera aussi essentiel de bien communiquer l’engagement de l’organisation dans la création d’un environnement et d’une culture de soutien pour les employés-proches aidants.
La bonne nouvelle pour les gestionnaires de ressources humaines, c’est qu’une telle démarche n’est ni compliquée, ni coûteuse à instaurer, et sa rentabilisation est déjà démontrée. D’ailleurs, dans les entreprises ayant mis en place des mesures, l’organisme Responsage constate dans 88% des cas une réduction des congés maladie et de l’absentéisme et dans 75 % des cas, une augmentation de l’efficacité des équipes de travail.
Alors, pourquoi attendre que la situation dégénère ? Informez-vous et passez à l’action. C’est tout le monde qui en sortira gagnant !
Mylène Bédard
Conseillère en conciliation travail-soins chez Oxiliaire