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Vers un traitement de l’alzheimer

Des chercheurs de la Faculté de médecine découvrent un moyen de combattre la formation de plaques séniles dans le cerveau

Par Jean Hamann

Un pas important dans la lutte contre l’alzheimer vient d’être franchi par une équipe formée de chercheurs de la Faculté de médecine et de la pharmaceutique GlaxoSmithKline. En effet, dans une étude publiée cette semaine dans les Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), ces chercheurs affirment avoir trouvé une façon de stimuler les mécanismes de défense naturelle de l’organisme afin de mieux combattre l’une des principales manifestations de cette maladie, la formation de plaques séniles dans le cerveau.

Cette percée, réalisée sur un modèle animal par Serge Rivest et son équipe du Centre hospitalier universitaire de Québec, nous rapproche d’un traitement pour les personnes atteintes d’alzheimer et d’un vaccin pour prévenir cette maladie.

L’une des caractéristiques de la maladie d’Alzheimer est la production de bêta-amyloïde, une molécule toxique pour le cerveau. Les cellules de défense du corps humain ne parviennent pas à éliminer ce peptide qui forme alors des dépôts extracellulaires désignés sous le nom de plaques séniles. «Le problème n’est pas que ce peptide soit produit, soutient Serge Rivest. Le problème est qu’il n’est pas éliminé.»

Il existe un type de cellules immunitaires, appelées cellules microgliales, qui attaquent la bêta-amyloïde. «Leur action ne suffit toutefois pas à empêcher la formation de plaques, souligne le professeur Rivest. Nous cherchions depuis des années une façon d’augmenter leur efficacité et nous venons de découvrir un moyen d’y arriver.»

Le défi consistait à mettre la main sur un composé qui survolterait les cellules microgliales sans causer de problèmes de toxicité. Après avoir testé 25 molécules, les chercheurs croient avoir trouvé la solution. Il s’agit du MPL que GlaxoSmithKline utilise comme adjuvant dans ses vaccins, notamment celui contre le virus du papillome humain. Comme des millions de personnes ont déjà reçu un vaccin contenant cette molécule, l’innocuité de celle-ci ne fait pas de doute.

Chez des souris transgéniques exprimant les symptômes de l’alzheimer, une injection hebdomadaire de MPL pendant 12 semaines élimine jusqu’à 80 % des plaques séniles. De plus, les fonctions cognitives des souris, mesurées lors de tests d’apprentissage d’une nouvelle tâche, sont significativement améliorées.

Le MPL agirait sur deux plans, explique le professeur Rivest. D’une part, il accroît la production des cellules souches sanguines qui donnent naissance aux cellules microgliales. D’autre part, il se fixe à la surface des cellules microgliales et augmente leur appétit pour la bêta-amyloïde.

Les chercheurs envisagent deux utilisations pour le MPL. La molécule pourrait être administrée par injection intramusculaire aux personnes souffrant déjà d’alzheimer afin de freiner la progression de la maladie. Le MPL pourrait aussi être intégré dans un vaccin qui stimulerait la production d’anticorps contre la bêta-amyloïde. «Ce vaccin pourrait être administré aux personnes atteintes d’alzheimer pour stimuler leur immunité naturelle. Il pourrait aussi être donné aux personnes qui ne sont pas encore malades, mais qui présentent des facteurs de risques», précise le chercheur.

Une évaluation clinique d’envergure, à laquelle collaborera l’équipe de la Faculté de médecine, devrait être annoncée sous peu par GlaxoSmithKline. «Lorsque nous avons commencé nos travaux sur l’alzheimer il y a une dizaine d’années, notre objectif était d’en arriver à mieux soigner les malades, souligne Serge Rivest. Avec l’appui d’une pharmaceutique majeure, je crois que nous ne sommes plus très loin de ça.»

L’article paru dans PNAS est signé par Jean-Philippe Michaud, Antoine Lampron, Peter Thériault, Paul Préfontaine, Mohammed Filali, Serge Rivest et neuf chercheurs de GlaxoSmithKline.